On aurait pu croire que mettre en place des fermes urbaines implique de transporter des chèvres et autres ménageries sur le toit d’un immeuble. Hélas pour nous, et peut-être heureusement pour ces braves bêtes, ces images ne correspondent pas aux pratiques d’une ferme urbaine. Néanmoins, il existe bel et bien des espaces, en région parisienne, proposant, et fournissant, une culture alimentaire responsable et autosuffisante.
Arrive-t-on vraiment à produire des fruits et légumes avec les fermes urbaines ?
La production d’une ferme urbaine varie grandement selon ses objectifs, son emplacement, et, bien sûr, la superficie exploitée.
Par définition, la ferme urbaine se situe hors des zones agricoles traditionnelles. Cela signifie que les visiteurs ont ici droit à une oasis au milieu du béton. Les fermes urbaines ayant vocation à produire de manière professionnelle ont un avantage clé : l’accès aux zones de grande consommation sans temps de transport conséquent.
Cet atout a fait réfléchir de nombreux entrepreneurs et collectifs, qui peuvent ainsi distribuer les fruits de leur labeur sur tous les marchés de ville. De même, le rendement issu d’une ferme urbaine peut être vendu dans les réseaux de distribution en circuit court.
Que disent les chiffres ? Le magazine Sciences Et Vie estime le rendement d’une ferme urbaine à une moyenne de 5 à 8 kg par m2 et par an. Il s’agit donc d’un rendement comparable à une exploitation maraîchère bio dans un contexte rural.
Et puis, finalement, l’objectif d’une ferme urbaine est-il nécessairement de produire des fruits et légumes ? Ne pourrait-on pas y cultiver des fleurs ? L’idée est tout d’abord d’apprendre un savoir-faire et de le développer. Il est également question de santé mentale, puisque les bénéfices du jardinage en la matière sont largement reconnus.
L’autosuffisance, un objectif et un mode de vie
Devenir autosuffisant ne signifie pas manger des pommes de terre tout au long de l’année. C’est même potentiellement l’occasion de diversifier ses aliments et ses recettes.
Il existe ainsi de nombreuses ressources pour cuisiner avec des fruits et légumes de saison. De même, on peut compléter, pour un régime omnivore, par de la viande produite par des artisans locaux.
De plus, toutes les fermes urbaines ne produisent pas uniquement des aliments de saison. On peut notamment cultiver quelques mets plus exotiques grâce à l’installation de serres.
On peut donc dire sans trembler que l’autosuffisance alimentaire des villes n’est pas une chimère ! C’est cependant une mission longue, qu’il faut approvisionner en investissements. Pourtant, devant l’urgence environnementale due en partie aux émissions de gaz à effet de serre des transports intercontinentaux, cet investissement paraît déjà bien plus modeste.
(Re)Créer du lien social à l’aide de fermes urbaines
Le jardinage est un moment de partage, auquel tout le monde peut participer, construisant ainsi un projet commun. C’est donc une activité idéale pour travailler la cohésion d’équipe !
Des proofs of concept de fermes d’entreprises sont déjà en activité, comme la Ferme Nature et Découvertes. Cet espace d’expérimentation propose ainsi des ateliers de familiarisation avec la permaculture, ou des formations à la culture en milieu urbain. On a tous beaucoup à gagner en participant à la construction d’une ferme urbaine.
Pour entretenir une ferme urbaine, il convient également de garder à l’esprit que, hors l’investissement initial, les coûts sont généralement modestes. Il peut même être envisagé de solliciter le restaurant d’entreprise ou les commerces environnants pour y récolter les pelures et autres épluchures. Ce faisant, l’engrais devient superflu, puisqu’on dispose d’une source intarissable de compost.
Est-il possible d’implémenter des fermes urbaines dans les entreprises ? Pour quels bénéfices ?
Nous voici donc à la question centrale : si j’ai envie de jardiner entre midi et deux, je fais quoi ? Les jardins d’entreprise peuvent constituer une belle option de détente et améliorer le bien-être des collaborateurs.
On peut donc mobiliser les collectifs internes comme le CSE sur ces questions. Installer une ferme urbaine dans son entreprise est non seulement possible, mais c’est peut-être même une bonne idée ! Des entreprises et des prestataires s’engouffrent déjà dans la brèche.
Améliorer le bien-être dans son entreprise grâce à une (agri)culture partagée et responsable
Construire une culture d’entreprise peut passer par un moment d’agriculture ! Même si l’objectif n’est pas nécessairement de produire des denrées comestibles, l’activité en elle-même peut tout à fait porter ses fruits.
On remarquera notamment une communication d’équipe plus fluide et des rapports plus détendus. La mise en place d’un jardin d’entreprise a donc un impact éminemment positif sur la coordination collective. À ce titre, les fermes urbaines à visée de formations proposent d’ailleurs des séminaires, mêlant sensibilisation à la biodiversité et team-building.
Quels prestataires et accompagnements solliciter pour aménager une ferme urbaine ?
Ces dernières années, des entreprises indépendantes spécialisées dans les jardins d’entreprise fleurissent partout en France. On peut ainsi citer la start-up Agrove, récompensée en 2022 au CES de Las Vegas pour ses solutions de végétalisation des toitures et de conception de jardins urbains.
À travers une solution à la fois physique et logicielle, les cultivateurs peuvent gérer en temps réel la croissance de leur ferme. On a donc affaire ici à un prestataire d’installation, mais aussi à un outil de monitoring végétal. Cerise sur le gâteau : les données récoltées par les instruments de mesure dans la ferme donnent également accès à des projections de rendements.
La récompense du CES est donc bien méritée.
Les fermes urbaines, des solutions responsables pour nourrir les villes de demain ?
L’innovation en matière de ferme urbaine ne manque pas, des terres cultivées de la région parisienne à la Station Spatiale Internationale, de nombreuses solutions d’hydroponie sont à l’étude pour la grande consommation.
Les opportunités offertes par la consommation locale
On nous dit souvent que manger en circuit court signifie aller chercher ses aliments directement chez le producteur. Lorsqu’on habite en ville, cette suggestion paraît quelque peu contre-intuitive. Pourtant, des producteurs de fruits et légumes en ville existent bel et bien !
Grâce à des techniques de permaculture, les fermes urbaines peuvent produire tout au long de l’année des fruits et légumes frais. On imagine que cela nécessite bien quelques produits chimiques ? Et non ! Au contraire, en récupérant les divers déchets générés par les consommations en ville, il est même plus simple de trouver de l’engrais. À cela s’ajoute une présence plus importante de CO2 dans l’air en milieu urbain, ce qui favorise la pousse.
Pour toutes ces raisons, le ministère de l’Agriculture a mis en place une plateforme de référencement des producteurs locaux, Frais et Local. Cette plateforme recense la plupart des cultivateurs à proximité, tout en proposant des points de vente spécialisés en circuit court.
La recherche attentive au développement de fermes verticales en milieu urbain
Qui aurait pu penser qu’entre la Station Spatiale Internationale et Porte de Clignancourt il y ait un point commun ? Quel est-il ? Les deux pratiquent l’hydroponie pour inventer le futur de l’agriculture.
Étudier la réaction des plantes à des milieux où la terre n’est pas nécessairement accessible et renouvelée constitue peut-être un moyen de nourrir les villes du futur. On peut ainsi imaginer des tours entièrement dédiées à la culture verticale. À une échelle plus modeste, les bâtiments d’habitations pourraient également être affublés de revêtements servant à la culture verticale.
L’agriculture verticale représente certainement la prochaine étape pour la production alimentaire en milieu urbain. En attendant, les fermes urbaines sont déjà là !